Chronique

Après le monde, le Québec

Au cours des cinq dernières années, la Caisse de dépôt a intensifié de façon considérable sa diversification géographique alors que son exposition aux marchés mondiaux représente aujourd’hui plus de 60 % de ses actifs de 300 milliards. La Caisse n’a pas réduit pour autant ses interventions au Québec, qui ont totalisé 6,7 milliards pour la seule dernière année.

On le sait, le Québec et le Canada ne représentent qu’une infime fraction des occasions d’investissements et de rendements que l’on retrouve à l’échelle mondiale et la Caisse a résolument entrepris de profiter au maximum des potentialités qu’offrent les marchés mondiaux.

Depuis cinq ans, le bas de laine des Québécois a haussé de 105 milliards sa présence sur l’ensemble de la planète, notamment dans les marchés émergents, alors que la valeur de ses placements étrangers dépasse aujourd’hui la marque des 190 milliards.

Mais la Caisse n’est pas le fonds souverain norvégien, qui a été créé en 1990 pour faire fructifier les revenus de l’exploitation pétrolière et gazière du pays avec l’obligation d’investir tous ses actifs sur les marchés internationaux, à l’extérieur de la Norvège.

Il faut dire toutefois que le fonds souverain norvégien se tire tout de même bien d’affaire puisque sa valeur a franchi l’an dernier le cap des 1000 milliards US et qu’il totalise à lui seul 1,5 % de la capitalisation boursière mondiale.

Depuis sa création, la Caisse a toujours eu le mandat de générer du rendement pour ses déposants tout en participant au développement économique du Québec.

Cette double fonction n’a pas toujours fait l’unanimité et a été épisodiquement contestée par des puristes qui préféreraient que l’on interdise à la Caisse le droit d’investir au Québec en prétextant que le mandat ultime de l’institution est de faire fructifier l’épargne des Québécois et non de la mettre à risque en participant au financement d’entreprises indigènes.

Heureusement, la Caisse est toujours restée sourde à cet argumentaire et son PDG actuel, Michael Sabia, rappelle souvent que la Caisse a la chance de pouvoir investir dans un milieu qu’elle connaît bien et dans des entreprises performantes.

Des actifs en hausse au Québec

L’exposition totale de la Caisse au Québec s’élève aujourd’hui à 63,4 milliards, ce qui inclut tous les actifs immobiliers et les participations que détient l’institution dans les entreprises québécoises, les obligations du gouvernement, ses projets d’infrastructures…

L’exposition directe de la Caisse aux entreprises privées québécoises s’est bonifiée depuis cinq ans de plus de 50 % pour totaliser aujourd’hui 42,5 milliards.

Au cours des cinq dernières années, la Caisse a réalisé pour 17,5 milliards d’investissements ou d’engagements dans des entreprises québécoises. En 2017, la Caisse a réalisé pas moins de 72 transactions financières avec des sociétés québécoises et ses engagements ont totalisé 6,7 milliards. Il s’agit ici d’une année record.

L’atteinte d’un pareil résultat a été évidemment favorisée par la conclusion de très grosses transactions, notamment un financement de 1,9 milliard pour permettre à SNC-Lavalin de réaliser l’acquisition de la firme britannique WS Aktins, et quelque 2 milliards de transactions et de placements privés dans les entreprises Cogeco Communications, Groupe Solmax, Osisko et Couche-Tard.

Depuis quelques années, la Caisse s’est aussi rapprochée des moyennes entreprises qui affichent une volonté consolidatrice et un désir d’internationaliser leur marché.

En 2017, la Caisse a financé l’expansion d’Eddify Technologies, une entreprise de Québec spécialisée dans les équipements de tests d’inspection pour les entreprises industrielles, et une acquisition majeure pour le Groupe Solmax de Varennes, un fabricant de toiles géosynthétiques, qui est devenu le leader mondial dans son secteur d’activité.

Enfin, la Caisse a aussi développé différentes plateformes qui lui permettent maintenant d’intervenir dans le monde foisonnant des PME québécoises pour les accompagner dans leur processus d’innovation ou de relève.

On aurait aimé que la Caisse affiche cette même approche d’ouverture aux entreprises québécoises pour privilégier son partenaire d’affaires Bombardier Transport dans l’attribution du contrat des trains du futur Réseau express montréalais.

Visiblement, la Caisse a choisi de s’accrocher au « rigoureux processus d’appel d’offres » qui a été mis en place et qui a préféré la proposition d’Alstom pour cet immense contrat, question de bien démontrer la plus totale transparence. Espérons maintenant que la Caisse exigera un contenu québécois significatif du partenaire qu’elle a choisi.

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